Abeilles
Jean-Michel Bongiraud

Le mouvement des bouches
Mais ici, ces lettres en morceaux
Devant ces taudis
Où la lumière s’efface
Malgré le filament doré sorti par ma bouche.
Butinant les ciels et les glaciers
Qui s’enivre de la sorte
Et joue au bouffon à l’intérieur des essaims ?
Mon chemin vers la ruche est fécond
Et l’abeille poursuit son nectar au-delà des portes
Mais quand je passe près des hommes
Identifiant leur peau et leur cœur
Je perds l’ordre de mes pas et ma voix s’enroue.

EAN13 : 9782916071183
Format : 21x12cm
novembre 2007
10 euros
Critiques
Le dix-neuvième recueil de Jean-Michel Bongiraud. L’ex-animateur de la revue Parterre verbal livre ici sa seconde manière. La première, je le rappelle brièvement, consiste à métaphoriser tout en un lexique spécialisé pour le revisiter à sa façon, poétique. Quelques titres en exemples ?: L’établi à mots, Mots d’atelier, Les mots du jardinier, Les mots du manœuvre, Les mots de la maison… Le vocabulaire d’un domaine devient sous sa plume matière à transformation, toujours avec subtilité, et le titre coiffe bien l’ensemble envisagé. Ici donc, rien à voir : un seul mot, avec son pluriel éventuel, va singulariser le projet. Abeille, avec son environnement lexical : miel, ruche, reine, butiner, piqûre, dard… va devenir le point obligé de chaque page, comme une sorte de cible transversale. Tous les poèmes, à l’aspect plus abstrait, plus détaché qu’à l’habitude, vont tourner autour du mot. Abeille exemple, abeille substitut, abeille référence. L’apiculteur d’encre sous sa légère armure mélange les règnes : insectes et genre humain. Son recueil comprend deux parties très dissymétriques. Jean-Michel Bongiraud emploie même le mot essai pour cerner cette écriture à part. on admire aussi bien le devoir que la liberté. Une mouche bat-elle des mains / Lorsque l’araignée referme sur elle / Son sac de dentelles.
Jacmo,
Décharge n°133