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Les vanneaux des poètes

Je m'aimais
dans la splendeur imaginée d'un végétal
d'essence blonde avec des boucles de soleil
ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même
ébruitée doucement par un vol de vanneaux
je m'entendais dans les grelots d'un matin blême
et c'était toujours les mêmes murs à la chaux
la chambre désolée dans sa coquille vide
le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux
mais je m'aimais ah ! je m'aimais comme on élève
au-dessus de ses yeux un enfant de clarté
et loin de moi je savais bien me retrouver
ensoleillé dans les cordages d'un poème

 

René Guy Cadou

 

 

 

 

Un coeur d'oiseau

Vanneaux vous pondez vos oeufs
dans la plaine frileusement
poussés par le vent ils éclosent
bravant avril et les frimas.
La vie un sacré coeur suppose.
"Quand le vent déchaîné
tournoyant au-dessus des terems
au loin porte sa plainte sauvage"
les oeufs des vanneaux s'éloignent des chemins
et dans l'immensité se perdent
Et pourtant parfois ils éclosent.
la vie un sacré coeur suppose.
Elle surprend le Seigneur même
exilé dans un coeur d'oiseau.
Ô Seigneur prisonnier d'un oeuf blanc de vanneau
en Ta patience aveugle gît la survie du monde.

Envoi : Petit frère, prends soin de ton être  fragile
Peut-être le vanneau rêve dans sa coquille.

 

Paul Fleury

 

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