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Flux sur un échiquier

Paul Fleury

EAN13 : 9782916071008

Format : 21x12cm

novembre 2007

10 euros

 

Flux sur un échiquier

 

La table où tu faisais les confitures a-t-elle servi à composer tes vers ?

Toutes ses fibres imprégnées de musique ne sont plus sourdes

mais respirent un air nouveau et s’animent d’un frisson de vie sous

la caresse de tes doigts qui lui communiquent leur passion.

Alors elle se souvient qu’un jour elle fut arbre souverain très haut dressé

dans la lumière tandis que l’aube lisse hésitait sous les haies,

lasse des nuits gagnées à force de courage

...

 

Paul Fleury

Paul Fleury est un poète qui joue aux échecs, aux dames, au go, c'est selon. L'essentiel pour lui est la table où jouer, parce qu'elle garde la mémoire de tout, de l'avancement de chaque pièce, de la dernière fois qu'on y fit des confitures et des vers, de "l'arbre souverain" qu'elle fut. Issus de cette table, les mots joués, dans le même combat noir sur blanc que celui mené par "le roi d'ébène" contre le roi de neige, se dressent comme un arbre - leur arbre d'origine - de son houppier à ses racines, un arbre dont le reflet intégral s'allonge ensuite dans l'eau ; car jouer aux échecs, c'est être double, c'est être "poète au miroir", c'est regretter de gagner sur l'autre, sur soi.

Et si jamais la table manque, c'est "l'immense échiquier du ciel" qui fait office, ou l'étendue de la banquise, offrant elles aussi leurs surfaces blanches où s'inscrivent, par exemple, les colonies d'oiseaux, "la ligne sombre des rookeries", comme lorsque, isolés sur leur ligne, le roi et la tour s'apprêtent à pratiquer leur "chiasme".

On lit ces poèmes dans le silence nécessaire aux grandes rêveries et aux gestes lents des maîtres de sagesse, dans l'errance nécessaire à l'écriture. Paul Fleury a couvert de traces "l'espace vain de la page", des traces comme les "signes des géomètres" ou de "lumineuses gouttes de sang".

En "fin de partie", pareil au joueur qui "craint de se défendre", ou qui "d'une main rêveuse étrenne son échec et mat", le poète retourne au "vertige vide", sans plus aucune armure : le "cérémonial de l'écriture lucide" s'achève alors et l'alphabet redevient candide.

 

Jean-Louis Rambour

Critiques

Dans le n° 130 de Décharge

 

Paul Fleury, d'après sa bibliographie, a surtout publié jusqu'ici à compted'auteur. Je relève quelques noms d'éditeurs qui fleurent ou fleuraient bonl'embrouille comme Oswald, Debresse, La Bruyère ou Caractère... Tous cesnoms d'éditeurs honnis naguère ne nous rajeunissent pas. Ce recueil, lepremier des éditions des Vanneaux, montre bien l'intérêt que porte sonanimatrice Cécile Odartchenko à cet auteur. A l'image du titre, sa poésieest au carrefour d'une recherche contemporaine plus dynamique et d'uneécriture qui a conservé un certain nombre d'automatismes légèrementsurannés. C'est donc dans ce mascaret d'influences que réside cettevingtaine de textes, composés avec méticulosité. On y décèle une thématiquedu jeu et du sort comme un fil rouge le long du livre, ainsi qu'une parolelourde et profonde qui redonne de leur pesanteur sémantique aux mots élus.

 

Jacmo

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